La Monnaie / De Munt LA MONNAIE / DE MUNT
La Monnaie est une maison d’opéra à taille humaine Max Jadot
Quel est votre premier souvenir à la Monnaie ?

Max Jadot (président du conseil d'administration de BNP Paribas Fortis) : Je viens à l’opéra depuis de très nombreuses années. En effet, ma banque, BNP Paribas Fortis, est partenaire de la Monnaie depuis plusieurs dizaines d’années. J’ai des difficultés à situer avec exactitude mon premier souvenir, mais je dirais Der Rosenkavalier de Strauss dans les années 80, donc ça date !

Quel est le dernier opéra ou concert qui vous a ému aux larmes ?

J’ai été ému lors d’un concert auquel j’ai assisté dans le cadre du Concours Reine Elisabeth, dont nous sommes également mécène. Un an après sa victoire de 2017, le violoncelliste Victor Julien-Laferrière s’est produit lors d’un concert privé, et sa prestation était exceptionnelle. Le son du violoncelle vous traversait véritablement le corps, c’était très impressionnant.

Avez-vous chanté dans une chorale ou joué d’un instrument de musique ?

J’ai joué du piano pendant de nombreuses années quand j’étais jeune. J’étais un amateur – dans tous les sens du terme –, j’aimais beaucoup la musique mais je n’étais pas très doué au piano, j’ai donc arrêté vers l’âge de seize ans.

De quelles maisons d’opéra étrangères gardez-vous un bon souvenir ?

J’en ai visité plusieurs à l’étranger. J’ai trouvé la Bastille très impressionnante, Covent Garden très professionnelle et j’ai eu l’occasion d’aller une fois au MET à New York, mais ma préférence va quand même à la Monnaie. C’est un ensemble de choses qui rend la Monnaie si spéciale : la beauté du lieu, la proximité du public avec la scène – c’est une maison d’opéra à taille humaine –, mais également le choix très éclectique et avant-gardiste des productions, leur qualité surtout, qui est extraordinaire et qui lui vaut sa réputation mondiale ! On ne se rend pas compte de ce qu’on a à Bruxelles, et cela depuis très longtemps, grâce aux différents directeurs. C’est vraiment fantastique.

Quel est le rôle de la culture dans notre société actuelle ?

Son rôle est extrêmement important. Évidemment, dire ça aujourd’hui, l’année du covid-19, alors qu’il y a tellement de gens qui souffrent dans différents domaines – parmi lesquels la culture –, c’est un peu étrange. On ne souhaite qu’une seule chose, c’est qu’on puisse revenir voir des spectacles vivants, tous ensemble. La culture reste un élément essentiel de notre société, raison pour laquelle nous devons l’aider et la soutenir pendant les quelques mois encore difficiles à venir, afin de pouvoir tous retrouver ce plaisir d’être en salle.

L’opéra est-il une forme d’art ultime – ou pas – pour vous ?

L’opéra est effectivement la forme d’art ultime. En allemand, on dit que c’est un Gesamtensemble, un ensemble total : il y a le chant, les chœurs, l’orchestre, le jeu, la mise en scène, les décors et tout autour, il y a cette bonbonnière qu’est le Théâtre de la Monnaie. Cet ensemble offre l’une des plus belles formes de culture.

Pourquoi les jeunes devraient-ils aller à l’opéra ?

Il ne faut pas attendre d’être plus âgé pour venir à l’opéra et en profiter. Je comprends que pour les jeunes, le fait d’arriver à l’opéra soit probablement quelque chose d’assez impressionnant. De plus, l’opéra, ce n’est pas une approche facile : cela dure longtemps – parfois des heures quand on va voir Wagner –, bien souvent on ne comprend pas l’histoire, ni la langue chantée. Il faut un peu s’imprégner de l’opéra que l’on va aller voir, et une fois qu’on a fait cet investissement initial, que l’on s’est bien renseigné, cela procure un plaisir très intense.

Quel serait l’opéra que vous sauveriez pour l’éternité ? Et pourquoi celui-là ?

L’opéra que j’ai préféré est sans aucun doute La Traviata mis en scène par Andrea Breth en 2012. C’était une mise en scène qui avait été très controversée, mais que j’avais personnellement trouvée absolument magnifique – magique même : je suis venu la voir trois fois ! C’est un des plus beaux opéras auquel j’ai assisté et un de ceux qui m’a le plus ému.

Qui incarneriez-vous dans l’opéra de votre propre vie ?

Ce sera un rôle passionnant, mais complexe. Peut-être devrais-je le jouer moi-même tant que je n’aurai pas à chanter trop longtemps ou à jouer du piano (rire).