La Monnaie / De Munt LA MONNAIE / DE MUNT

La Monnaie occupée !

Déclaration de Peter de Caluwe

Peter de Caluwe
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4 min.

Après deux semaines d’occupation, les manifestants du collectif Bezet La Monnaie Occupée ont quitté le hall d’entrée de La Monnaie dans les délais convenus. Comme nous l’avions indiqué précédemment, ce n’était pas le genre d’action que La Monnaie aurait initié, mais nous comprenons et partageons les motivations des manifestants. C’est pour cette raison que la Monnaie a fait preuve de coopération vis-à-vis de leur action. Nous partageons dans une large mesure les mêmes objectifs et nous sommes avant tout de (futurs) collègues qui œuvrent pour un avenir sans coupes budgétaires dans la culture. Nous tenons à remercier explicitement les militants qui ont fait en sorte que tout se déroule sans heurts et nous pensons sincèrement qu'ils ont pu faire entendre leur point de vue.

Cependant, à moins de dix jours de la première de The Turn of the Screw, il est essentiel que nous disposions à nouveau de toutes nos salles afin de pouvoir continuer à travailler de manière optimale. Depuis le début de la pandémie, nos quelque 400 employés fixes ont travaillé d'arrache-pied pour que la culture perdure, en diffusant des festivals virtuels de spectacles déjà réalisés, mais aussi en continuant à créer. Et le fait d’avoir continué à travailler pendant la crise du Covid-19 est une chose dont nous sommes particulièrement fiers. Dans des circonstances difficiles et des temps encore plus difficiles, la Monnaie estime qu’il est de son devoir d'offrir à tous les amateurs de culture une expérience culturelle maximale, dans des salles (semi) remplies si possible, par streaming s’il n’y a pas d'autre solution. Il est important de souligner que nous avons non seulement réussi à réorganiser toutes nos productions selon des protocoles sanitaires stricts, et ce, tant pour les répétitions que pour les représentations, mais aussi qu’Is this the End?, Die tote Stadt, Der Schauspieldirektor et The Turn of the Screw, sont toutes des productions inédites que nous avons créées en ces temps difficiles.

En outre, ces productions nous ont permis d’offrir de l’emploi à des dizaines d’indépendants – non seulement des chanteurs, mais aussi des techniciens de théâtre, des machinistes, des figurants, des décorateurs et des maquilleurs – à une époque où les possibilités d’embauche se font particulièrement rares et où de nombreux travailleurs culturels ont du mal à joindre les deux bouts. Pour ne donner qu’un exemple concret, la production de Tosca, que nous espérons jouer seize fois entre 11 juin et le 2 juillet, fournit non seulement du travail à des centaines de personnes en Belgique, mais aussi, grâce à des accords de coproduction, des emplois à Barcelone, Séville et Montpellier. Nous ne sommes pas satisfaits de la situation dans laquelle nous nous trouvons, mais nous essayons d'en tirer le meilleur parti et de jouer un rôle de pionnier qui profite à l’ensemble du secteur culturel. Nous avons maintes fois démontré l’importance que nous accordions à la jeune génération d’artistes, notamment par le fait que, depuis plus d’un an, nous faisons tout notre possible pour que nos master-class de la MM Academy soient maintenues, afin que nos jeunes chanteurs puissent continuer à se perfectionner, comme nous leur avions promis avant cette crise.

Nous comprenons que d’autres organisations poursuivent le même objectif avec des approches et des ressources différentes. C’est pourquoi nous trouvons formidable que le collectif Bezet la Monnaie Occupée continue à jouir du podium de la place de la Monnaie pour poursuivre ses activités. Espérons que toutes ces différentes initiatives nous permettront de nous remettre au plus vite à ce que nous faisons de mieux : rendre la société un peu plus belle grâce à la richesse culturelle que nous y répandons.

Peter de Caluwe